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Penser l'éventuel,
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L'interprétation, parce qu'elle ressemble à des croyances religieuses, a été écartée, voire bannie, de la science moderne, en tout cas négligée, au profit de la déduction et la généralisation. Pourtant l'histoire des sciences nous montre son rôle permanent et crucial tant dans les sciences humaines que de la nature. C'est elle qui relance la fécondité dans les moments de compréhension difficile.
Le positivisme, qui reste une référence majeure dans les pratiques actuelles, est certainement responsable de cette situation. Il restreint la science à des lois dégagées par l'expérience puis mises à l'épreuve : on cherche les commandements auxquels se soumet la nature.
Cependant, après la période de conquête, nos inquiétudes sur l'environnement appellent une science plus ouverte, non pas plus audacieuse mais plus compréhensive des éventualités. Nicolas Bouleau montre que le coeur du problème est d'utiliser dans la science les matériaux interprétatifs que sont les craintes et, prolongeant les idées de Jonas et de Lacan, décrit le travail d'élaboration de craintes désintéressées par une enquête sur un être supposé, comme par exemple l'agent de transmission de la maladie de la vache folle. La thèse porte plus largement sur la facon de penser l'éventuel dans les relations des humains avec leur contexte.
Table
Préface
A. Le talent interprétatif dans la recherche scientifique
1. Quand on dit science de quoi parle-t-on aujourd'hui ?
2. Importance de l'interprétation dans la fabrication de connaissance
3. Le pluralisme interprétatif
B. L'éventualisme
4. Points méthodologiques
5. Je généralise, tu généralises, il généralise, nous généralisons, vous généralisez, ils vérifieront
6. A quoi sert la science ?
C. Le suivi d'un être-question
7. Qu'est-ce qu'un être-question ?
8. Le travail d'élucidation ontologique
D. Faire entrer les craintes dans le travail scientifique
9. Craintes intéressées et désintéressées
Pour conclure